Révoltes populaires et bouleversements sociaux à la fin de l'Ancien Empire en Égypte


À la faveur des troubles qui marquent la fin de l'Ancien Empire, les interdits religieux ne sont plus respectés, et la richesse change de mains.

« La Sublime Salle de Justice, ses écritures sont enlevées, les places secrètes sont divulguées. Les formules magiques sont divulguées et deviennent inefficaces, parce que les hommes les ont dans leur mémoire. Les offices publics sont ouverts ; leurs déclarations (titres de propriété) sont enlevées ; malheur à moi, pour la tristesse de ce temps !...

Voyez donc : des choses arrivent qui n'étaient jamais advenues dans le passé : le ro est enlevé par les pauvres... Ce que cachait la Pyramide est maintenant vide. Quelques hommes sans foi ni loi ont dépouillé le pays de la Royauté. Ils en sont venus à se révolter contre l'Uraeus qui défend Râ et pacifie les Deux Terres...

Les pauvres du pays sont devenus riches, tandis que les propriétaires n'ont plus rien. Celui qui n'avait rien devient maître de trésors et les grands le flattent. Voyez ce qui arrive parmi les hommes : celui qui ne pouvait se bâtir une chambre, possède maintenant des (domaines ceints de) murs. Les Grands sont (employés) dans les magasins. Celui qui n'avait pas un mur pour (abriter) son sommeil est propriétaire d'un lit. Celui qui ne pouvait se mettre à l'ombre possède maintenant l'ombre ; ceux qui avaient l’ombre sont exposés aux vents de tempête. Celui qui ne s'était jamais fabriqué une barque a maintenant des navires ; leur (ancien) propriétaire les regarde, mais ils ne sont plus à lui. Celui qui n'avait pas une paire de bœufs possède des troupeaux ; celui qui n'avait pas un pain à lui devient propriétaire d'une grange ; mais son grenier est approvisionné avec le bien d'un autre...

Les pauvres possèdent les richesses ; celui qui ne s'était jamais fait de souliers a maintenant des choses précieuses. Ceux qui possédaient des habits sont en guenilles ; mais celui qui n'avait jamais tissé pour lui-même a maintenant de fines toiles. Celui qui ne savait rien de la lyre possède maintenant une harpe ; celui devant qui on n'avait jamais chanté, il invoque la déesse des chansons... La femme qui n'avait même pas une boîte a maintenant une armoire. Celle qui mirait son visage dans l'eau possède un miroir de bronze...

Les (dames) qui étaient dans les lits de leurs maris, couchent sur des peaux (par terre)... Elles souffrent comme des servantes... Les esclaves (femmes) parlent tout à leur aise, et, quand leurs maîtresses parlent, les serviteurs ont du mal à le supporter. L'or, le lapis, l'argent, la malachite, les cornalines, le bronze, le marbre... parent maintenant le cou des esclaves. Le luxe court le pays ; mais les maîtresses de maison disent : « Ah ! si nous avions quelque chose à manger. » Les dames... leurs corps souffrent à cause de leurs vieilles robes... leurs cœurs sont en déroute quand on les salue.

Les nobles dames en arrivent à avoir faim, tandis que les bouchers se rassasient de ce qu'ils préparaient pour elles ; celui qui couchait sans femme, par pauvreté, trouve maintenant de nobles dames.

Le fils d'un homme de qualité ne se reconnaît plus parmi d'autres : le fils de la maîtresse devient fils de servante...»
 

D'après les Admonitions d'un vieux sage, cité par A. Moret : Le Nil et la civilisation égyptienne


Révoltes et Révolutions dans l'Histoire de l'Humanité
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Dernière mise à jour : samedi 10 août 2013