Révolte des Frisons contre la domination
romaine
« La paix fut troublée chez les Frisons, au-delà
du Rhin, plutôt par notre avidité que par l'indocilité
de ce peuple.
Ils étaient pauvres et Drusus ne leur avait imposé
d'autre tribut qu'un certain nombre de cuirs
de bœufs pour l'usage de nos troupes. Personne ne les avait
inquiétés sur la dimension et la solidité de ces cuirs jusqu'au chef
Olennius. Chargé du commandement de la Frise, celui-ci choisit des peaux
d'aurochs pour modèles de celles qu'on recevrait.
Cette condition, qui aurait été dure même pour d'autres peuples, était
impraticable en Germanie où les animaux domestiques sont de petite taille,
tandis que les forêts nourrissent d'énormes bêtes. Ils furent
réduits à livrer d'abord les bœufs mêmes, ensuite leurs
champs, enfin à donner comme esclaves leurs enfants et
leurs femmes.
De là l'indignation, les plaintes, enfin la
guerre, dernier remède à des maux dont on
n'obtenait point de soulagement. Ils saisissent
les soldats qui levaient le tribut et les mettent en croix.
Olennius dut son salut à la fuite. Il se réfugia dans le château fortifié
de Plève d'où un corps assez important de Romains et d'alliés observait
les côtes de l'Océan. »
Le propréteur de Germanie inférieure rassembla de grandes
forces d'infanterie et de cavalerie. Pourtant ce n'est qu'avec
peine qu'il parvint à repousser les Frisons révoltés. Les Romains
subirent de lourdes pertes :
« On sut bientôt par les transfuges que neuf cents Romains
avaient péri auprès du bois de Baduhenne, après avoir prolongé
le combat jusqu'au lendemain ; quatre cents autres,
retranchés dans une maison dont le propriétaire, nommé Cruptorix, avait
servi dans nos armées, avaient craint d'être trahis et s'étaient
mutuellement donné la mort. »
Tacite, Idem, IV, 72-73.