Révolte des Goths
I.Installation
des Goths
Les Goths, à l'approche des Huns, demandent
aux Romains l'autorisation de s'installer en Thrace (376 ap. J.-C.).
« Les Goths se montrèrent sur la rive gauche du Danube
[alors frontière officielle de l'Empire] et de là envoyèrent une
députation à Valens [Empereur associé de l'Orient], sollicitant
humblement leur admission sur l'autre bord avec promesse d'y
vivre paisiblement et de lui servir au besoin d'auxiliaires...
La première impression de cette ouverture fut plutôt de satisfaction
que d'alarme. Les courtisans employèrent toutes les formes d'adulation pour
exalter le bonheur du prince, à qui la fortune amenait à
l'improviste des recrues des extrémités de la terre.
L'incorporation des étrangers dans notre armée allait la rendre invincible ;
et, converti en argent, le tribut que les pionniers devaient en soldats
viendrait accroître indéfiniment les ressources du trésor. On dépêcha
donc, sans délai, de nombreux agents, chargés
de procurer des moyens de transport à ces hâtes
redoutables...
L'ignoble cupidité de ces hommes fut le principe de toutes les
calamités qui suivirent. Sans rapporter toutes les
malversations qu'ils commirent ou tolérèrent...
Citons un fait dégoûtant et inouï, que condamneraient à
coup sûr les coupables eux-mêmes s'ils étaient constitués juges dans leur
propre cause. La disette qui harcelait les émigrants suggéra l'idée à ces
misérables de la plus infâme des spéculations. Ils firent ramasser
autant de chiens qu'on put en trouver et les vendaient aux pauvres affamés
au prix d'un esclave la pièce. Des chefs en furent réduits à livrer ainsi
leurs propres enfants. »
Ammien Marcellin, liv.
XXI, 4.
II. Révolte des Goths
À la suite d'une série de difficultés avec les Romains, les Goths se
révoltent (376).
« Voilà les Goths qui se répandent de tous côtés
dans la Thrace, avec précaution cependant et en se faisant indiquer
par leurs captifs et leurs recrues volontaires les plus opulentes
bourgades, celles notamment où abondaient les vivres. Leur audace
habituelle était encore accrue par la présence de renforts nombreux
de leurs compatriotes qui leur arrivaient chaque jour, les uns achetés
autrefois par les Romains aux marchands d'esclaves, les autres
livrés, depuis la traversée du Danube, par leurs parents
affamés, ou échangés d'un peu de pain ou de vin de rebut. Ils
furent aussi rejoints en grand nombre par beaucoup de ceux qui
exploitaient les mines d'or, écrasés par les redevances [il
s'agit des colons établis dans les mines d'or, moyennant le paiement de
lourdes redevances]. Ces transfuges étaient accueillis avec
empressement par les Goths, qui, par leur ignorance des lieux, en tirèrent
de grands services pour découvrir les approvisionnements cachés et les
refuges secrets de la population... Tout fut mis à feu et à sang.
»
III. Bataille d'Andrinople
La situation s'aggravant à la suite d'une série d'échecs, l'empereur
Valens s'avance contre les Goths avec une armée d'élite. La bataille
s'engage devant Andrinople et tourne au désastre. L'empereur lui-même
trouve la mort (378).
« ... Il est avéré qu'un tiers à peine de l'armée romaine survécut à
cette boucherie ; et nulle part, si l'on excepte la bataille de
Cannes, les annales ne font mention d'un pareil désastre.
»
Ammien Marcellin, liv.
XXXI, 6 et 13.