L'esclavage et l'exploitation des mines du
Laurion
L'exploitation des filons de plomb argentifère du
Laurion, au sud de l'Attique, commence sur une grande échelle en 483-82,
après la découverte du filon de Maronée.
« Sous l'archontat de Nicomédès, on découvrit les mines de Maronée
et l'Etat retira cent talents des travaux. »
Aristote, Constitution
d'Athènes, 22.
L'État athénien afferme les mines. Il se constitue des associations
de capitaux et l'exploitation donne lieu à toutes sortes
de marchés comme celui qu'a décrit Démosthène dans sa plaidoirie
contre Panténètos.
« Panténètos a acheté à un certain Télémaque un atelier
minier sis à Maronée, localité de l'Attique, et trente
esclaves attachés à cette exploitation ; pour ce, il
a emprunté un talent [le talent valait 6000 drachmes]
à Mnésiclès et 4.500 drachmes à Philéas et Pléistor...
Dans la suite, on réclame l'argent à Panténètos ; il
recourt alors à deux nouveaux prêteurs : Nicoboulos, et
un certain Evergos ; il hypothèque l'exploitation et les esclaves,
l'acte étant passé, non sous forme d'hypothèque, mais sous forme
de vente... Les esclaves et l'exploitation sont loués à
Panténètos par Evergos et Nicoboulos, agissant comme
propriétaires ; le loyer est égal à l'intérêt de
l'argent prêté, qui s'élevait à 10.500 drachmes, comportant un
intérêt d'une drachme pour 10. »
Démosthène, Contre
Panténètos (1-2-3).
Certains capitalistes se spécialisent dans la location d'esclaves
aux entrepreneurs. Nicias, qui possède un
millier d'esclaves, parvient à constituer une fortune de
plus de 100 talents. On cite aussi le nom de Callias à
l'époque de Périclès.
« Il n'y a personne qui puisse approuver le travail que Nicias faisait faire
dans ses mines, où l'on n'emploie ordinairement que des scélérats et des
barbares, dont la plupart sont enchaÎnés et périssent tôt ou tard dans ces
cavernes souterraines où l'air est toujours malsain.»
Plutarque, Comparaison
de Nicias et de Crassus.
À la fin de la guerre du Péloponèse, 20.000 esclaves s'enfuient des
mines du Laurion et mettent le pays à sac. C'est le début
de la décadence. Vainement, au début du IVe siècle, Xénophon
propose de réserver à l'État le monopole de la fourniture des esclaves,
donnant à cette occasion d'intéressantes précisions sur le revenu
qu'on pouvait en tirer :
« Si donc, on réunit d'abord 1.200 esclaves,
on peut calculer qu'un accroissement successif, au bout de cinq à
six ans, n'en donnera pas moins de six mille.
Or, ce nombre rapportant, tous frais payés, une obole par jour et
par tête d'esclave, le produit annuel sera de soixante
talents. De ces soixante talents, qu'on en mette vingt à
acheter d'autres esclaves... le nombre de 10.000
une fois complété, on aura un revenu de cent talents [un esclave
était acheté 150 à 300 drachmes ; il rapportait
en moyenne 60 drachmes par an, étant loué une
obole par jour (la drachme valait 6 oboles)]. »
Xénophon, Revenus
IV, 18.